La vidéosurveillance solutionne la crise du cinéma en France -  S'abonner à sondageonstvcom sur Twitter -

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Le ministre de l'intérieur de l'époque, ne manquait pas d'idées pour relancer la crise du cinéma en France. Vendredi 8 juillet 1994, le sénat a accepté l'idée de la vidéosurveillance sur la voie publique. Nous avons questionné notre acteur fétiche Larry Vink qui nous avait caché depuis un an un projet cinématographique à Levallois Perret.

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« Les propos des personnages nommés ci-dessous sont le fruit imaginaire de l'auteur Phil Marso. Toutes ressemblances avec des personnes existantes seraient pure coïncidence ».

Le ministre de l'intérieur de l'époque, ne manquait pas d'idées pour relancer la crise du cinéma en France. Vendredi 8 juillet 1994, le sénat a accepté l'idée de la vidéosurveillance sur la voie publique. Nous avons questionné notre acteur fétiche Larry Vink qui nous avait caché depuis un an un projet cinématographique à Levallois Perret.

Larry Vink , pouvez-vous me parler de votre reconversion à Levallois Perret ?

Voyez-vous, je suis quelque part un de ces acteurs maudits du cinéma français. Il était temps pour moi de jeter un oeil sur un véritable plan de carrière cinématographique. C'est comme ça, en 1993 dans la plus grande discrétion que j'ai signé un stage de reconversion à Levallois Perret.

En quoi consistait ce stage ?

Et bien, je devenais le premier réalisateur de vidéo-surveillance dans cette ville. Je devais réaliser un film sur l'insécurité croissante des habitants.

Quels ont été vos moyens pour faire ce film ?

Levallois-Perret dispose d'un budget de un milliard de francs par an (anciens). Je n'ai pas lésiné sur les moyens. J'ai acheté 49 caméras d'une valeur de 70 000 f chacune.

Je suppose que beaucoup de stars du cinéma ont dû se bousculer pour faire partie de la distribution du film ?

Non, j'ai préféré faire appel à des têtes pas connues du grand public. Je pense qu'ils ont un don inné de la spontanéité devant une caméra par rapport à des types comme Depardieu, Serrault.

Expliquez-moi comment vous avez repéré par exemple Mc Rachid ce talentueux rappeur ?

Et bien grâce à notre casting surprise. C'était très exactement un lundi matin à la sortie de la bouche de métro "Anatole France". Dès que notre caméra N°21 l'a repéré ça été un choc pour nous. Il avait l'air d'un type complètement défoncé à la cocaïne. Des cernes pas possibles, le casque de walk-man sur la tête, la démarche très cool. Nous qui cherchions depuis des semaines à repérer un dealer, on s'est dit celui-là ferait l'affaire. Il faut vous dire que depuis que j'avais installé mes caméras sur les lieux publics stratégiques de la commune, nous avions enregistré une perte de présence devant la caméra de 100% de toxicomanes. Vraiment, on désespérait.

Comment avez-vous interpellé....Euh engagé Mc Rachid ?

Nous avons été très prudents car nous l'avons suivi dans ses faits et gestes avant de prendre la décision de l'embarquer. Euh... de l'engager. Déjà, on a apprécié qu'il se trimballe une malette à la main. Voilà, un type bien organisé dans les affaires de came. On l'a suivi jusqu'a l'entrée d'une maison de disques. On s'est dit : tiens ! voilà un bon départ de scénario. Voilà que les delears blanchissent l'argent des jeunes drogués dans une maison de disques qui signe des groupes rap, hard rock. Pas con !

Pourtant d'après Mc Rachid, il y a eu méprise à sa sortie du bâtiment une heure après.

Pas exactement, Mc Rachid a vraiment joué une superbe comédie. Bon c'est sûr deux fourgons de CRS, plus quelques tireurs d'élite du G.I.G.N. sur les toits aux alentours ça impressionne logiquement. On a alpagué Mc Rachid en deux secondes sans même utiliser une balle perdue. Je me souviens de Mc Rachid, la tête qu'il faisait. En vérité, il s'était réveillé à la bourre pour son rendez-vous chez un producteur de disque. Il avait vraiment la tronche enfarinée. Les yeux cernés étaient dus à l'oubli de ses lunettes. Le plus drôle c'est quand on a fracturé sa malette.

Vous avez trouvé 5 kilos d'héroïne pure, je crois ?

Pas du tout, juste une démo quatre titres de ses chansons. En réalité, il avait un rendez-vous avec un producteur de chez Music Lando. Mc Rachid nous a complètement soufflé dans son rôle de composition. On l'a engagé immédiatement.

Parlez-moi de Rachel, cette môme très pulpeuse.

Nous l'avons surprise en train de faire les cent pas devant une boulangerie. A chaque fois qu'un homme entrait dans la boutique, Rachel lui demandait quelque chose qui nous a paru très suspect. Nous avons fait appel à un sourd-muet pour interpréter ce que disaient les lèvres de la jeune fille. Il faut vous dire que nous n'étions pas encore équipés pour le son à cette époque. Notre interprête conclua que Rachel demandait 100 francs pour une branlette. Et pour bien démontrer sa compétence elle agitait de haut en bas un objet. On avait du mal à distinguer. On a pensé que c'était son bras droit.

Vous l'avez donc embarquée... Euh engagée ?

Oui, mais là encore Rachel nous a étonnés dans sa démarche d'actrice. Nous étions persuadés quelle faisait le trottoir. C'est en bouclant le quartier sur un périmètre de 10 Km que nous nous sommes aperçus de la méprise. Après avoir installé tout un système de planque tout autour de la boulangerie, je me suis pointé avec mon grand imper. Et là, de mes yeux, j'ai vu Rachel déambuler et s'avancer vers moi, le sourire gourmand. Je crois que sa réplique marquera sans aucun doute le début de ce nouveau cinéma qu'est la vidéo-surveillance. Elle m'a dit d'un ton trés naturel : Monsieur, vous n'auriez pas 100 balles, c'est pour les sans-abris. Et de son bras droit, elle agitait une boite cylindrique ornée d'une petite croix rouge. Inoubliable !

Pourtant après ce succès vous avez tout de même été obligé de ne pas garder dans ce film de 24h, la scène avec Paul. Quelle en est la raison ?

Et bien Paul, au volant de sa voiture roulait à plus de 100 à l'heure en ville et ceci en sens inverse. Imaginez, la trouille des automobilistes en face. On s'est dit, tiens voilà un type qui vient de faire un braquage d'une banque. Je précise qu'il y avait deux types assis derrière. On vivait une course-poursuite à la Blues Brothers. Voilà, le crack qu'il nous faut pour interpréter un chauffard alcoolique.

Pourtant après avoir interpelé Paul, vous ne l'avez pas engagé. Il était trop cher pour vous ?

Non, pas exactement. Paul ce jour là était de service. Complètement bourré, il a pris le volant de sa bagnole. Quand on l'a arrêté, on s'est aperçu qu'il était un des hauts responsables de la police municipale. Alors voyez-vous la vidéo-surveillance se doit de diffuser des images authentiques de la vie quotidienne de Levallois-Perret. Mais là, franchement, j'ai beaucoup hésité à garder ce passage.

Pourquoi ?

Et bien, on m'aurait reproché de faire dans la S.F (Science Fiction).

Phil Marso (2 mai 2001) - Extrait de « Télégénétiquement modifiée ! » (Ed.Megacom-ik)

© MEGACOM-IK & Phil Marso / 2001 / 2013

 
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