Samedi,, Chloé un jeune chiot de trois mois sera expulsé du refuge de la SPA pour rentrer dans la prison "Loft Story". Opération qui consiste à sensibiliser le public à ne pas abandonner les animaux de compagnie au moment des départs de grandes vacances. Quelques prisonnier à perpett' ont la rage.

Cinq mois que je crèche dans ce refuge parmi les pouilleux. J'ai su préserver ma dignité de caniche grâce au ruban rouge gagné lors de mon dernier concours de beauté. Les caméras du "Loft story" cela ne me fait pas peur. Mais ces humains dans une cage dorée m'inspire une grande inquiétude puisque leur sujet de conversation reste le cul. Non pas que mon espèce soit menacée, mais j'ai pas envie de terminer dans un zoophilie.

C'est scandaleux qu'ils n'ont pas pensé à moi. Il paraît que "Loft story" c'est bourré de langues de vipère. C'est mon plat préféré après la digestion d'un rat de laboratoire. Le problème c'est que l'on va me mater à travers Internet. J'ai pourtant le sang froid mais de là que la grande restauration de Taiwan scanne mes mensurations. C'est un coup à passer à la casserole dès ma sortie. N'empêche mon esprit zen peut me sauver la vie. Il suffit que je me transforme en bronze dans la cuvette des wc. Je sais c'est assez grossier comme évasion, mais je suis assez grand pour tirer la chasse moi-même.

"Loft Story" c'est complètement dans mon élément. Je suis paresseuse de nature. Il paraît que le minaudage et le ronronnement ça plait beaucoup. Ne croyez pas que la piscine est un obstacle majeur à ma captivité. L'ennui c'est la nuit. Je suis indépendante. Savoir qu'une bande de caméra à infrarouge me file le train au moindre déplacement. Je risque d'avoir le poil hérissé.

Phil Marso (3 juin 2001) - Extrait de « Télégénétiquement modifiée ! » (Ed.Megacom-ik)

© MEGACOM-IK & Phil Marso / 2002 / 2011

Cela devait arriver... L'année dernière je l'avais échappé belle. Mes maîtres hésitaient entre la grand-mère et moi. Lequel des deux allait être abandonné ? A la veille du départ, la grand-mère a claqué. Certes j'ai passé les vacances à Canet-Plage, mais j'ai perdu tout de même 5 kilos dû aux frais des obséques. 1994 a été fatal depuis qu'ils ont entendu parler que le choléra du Rwanda pouvait se transmettre par les animaux. Ce jour là, Médecin sans Frontière n'a pas évalué la portée de ces propos en faisant une première victime en France.

On peut dire que j'ai eu une adolesçence dorée car je suis née dans les poubelles de Neuilly sur Seine. Quelque part, j'ai toujours été rebelle. Jusqu'au jour où je suis tombée complètement amoureuse d'un maître notaire. Il était d'une élégance folle. On peut dire qu'a nous deux on formait un couple spendide et inséparable. Malheureusement, nous avons fait quatre tonneaux avec sa Ferrari. Il en est mort. J'ai atterri ici, et je n'arrive pas à trouver un nouveau toit. Peut-être qu'une chatte noire ça fait mauvais genre en période de crise.

C'est sûr, moi qui suis un chien des grands espaces ça m'a fait drôle de charrier une poussette de commission à la place d'un traîneau. Mais, mes maîtres étaient irréprochables un week-end sur deux; en hiver j'allais à Avoriaz et l'été j'avais mes appartements sur la côte d'Azur. En mai, le couple a divorcé. Autant, ils ont trouvé un accord pour partager les biens matériels mais me concernant, ils se déchirent. C'est à celui qui retrouverait la trace de paiement de facture de brossages, d'alimentation de mes séjours à la montagne. Quoi qu'il en soit, je suis en détention préventive en attendant le jugement.

Ma maîtresse a prétexté ma deuxième place au concours de beauté au Salon de l'Agriculture pour me jeter comme une malpropre à Gennevilers. Ils m'ont collé dans un boxe avec un Doberman et un Bouledogue car la capacité d'accueil de 500 chiens était largement dépassée. La première nuit j'en menais pas large avec mon petit ruban de chez Chanel sur la tête. Heureusement que ces deux grands fauves se sont battus à mort jusqu'à l'aube. Mais je crois que ce soir, je vais être violée. Le Doberman trouve que mon ruban fait trop salope à son goût.

Moi, j'avais pas trop le choix vu mon grand âge. Depuis que je suis à moitié aveugle je savais que mon maître vigile ne supportait plus que j'aille lécher les mains aux délinquants du quartier. Alors au lieu d'être abandonné sur la N10 attaché à un arbre, j'ai préféré mordre le percepteur de mon maître. Ça fait depuis Vingt jours que je suis ici, et j'attends avec impatience la piqûre. C'est plus propre et moins douloureux pour tout le monde.

Moi, j'ai carrément fugué. Mes maîtres m'avaient achetée sur les quais de la Mégisserie. J'étais contente au départ car ils étaient accro de l'écologie et pratiquaient une cuisine végétarienne. Tout allait pour le mieux jusqu'au jour où ils ont découvert à la télé que les tortues de Floride étaient assez amples. Ils ont cru bon de diagnostiquer chez moi une croissance tardive. Depuis deux mois ces cons me gavaient de hamburgers, j'en ai eu marre. Heureusement, ici je suis revenu au régime sec : une feuille de salade et de l'eau.

J'ai eu un maître sympathique qui a été très compréhensif en m'accueillant chez lui. A l'époque, il faisait une retraite d'ermite tout en haut d'une tour Place d'Italie. J'avais vraiment tout le confort et des souris à volonté. Jusqu'au jour où une sacrée souris blondasse a perturbé sa vie monacale. Au lieu d'entendre des méditations zen, j'avais droit à des rugissements pornographiques du style Canal +. On a préféré se séparer d'un commun accord. J'espère trouver un autre sage. Mais depuis trois jours je suis inquiet. Des asiatiques sont venus me prendre en photo sous toutes les coutures. La rumeur prétend qu'ils sont restaurateurs.